Axe Bouaflé – Zuenoula : la voie de l’oubli ?
Que se passe-t-il lorsque la route censée précéder le developpement devient un frein à ce même développement ?
Le constat est triste ! Le sort réservé à l’axe Bouaflé–Zuenoula long de 70,4 km est un véritable calvaire pour les usagers. Alors que de nombreuses infrastructures routières sont en plein essor à travers le pays, ce tronçon stratégique dans la région de la Marahoué au centre de la Côte d’Ivoire semble condamné à l’oubli. C’est le moins qu’on puisse dire!
De Yamoussoukro à Bouaflé, de Daloa à Bouaflé, ou encore de Sinfra à Bouaflé, la circulation est fluide. Mais à la sortie de Bouaflé, dès que l’on prend la direction de Zuenoula, le décor change. Un changement brusque, et surtout déstabilisateur. La route devient une piste pénible, semée d’embûches. C’est un véritable parcours de combattant que doivent affronter chaque jour les miliers d’automobilistes, transporteurs, motocyclistes et riverains sur cette voie directement reliée au chef lieu de région, Bouaflé.
Les témoignages sont unanimes. Il ne se passe pas une seule journée sans que l’on assiste à des pannes de véhicules, des crevaisons de pneus, des accidents de motos, parfois mortels, voire des braquages facilés par l’état de dégradation très avacé de la route.
Le mauvais état de cette route est un réel facteur aggravant de l’insécurité, les coupeurs de route profitant de la lenteur imposée par les nids-de-poule pour opérer. Pour les populations, cette situation est une double peine. L’on s’en souvient encore : lors d’une fouille, dans la nuit du samedi 6 juillet 2019, deux individus avaient ouvert le feu sur des éléments en poste à environ 4 km de Pakouabo sur l’axe Bouaflé-Zuenoula. Dans les échanges de tirs, un avait été abattu et l’autre en fuite. Un gendarme avait été blessé au pied dans cette opération. Peu avant cela, neuf coupeurs de route avaient été appréhendés par la gendarmerie en février dans le cadre d’une opération baptisée « Hippopotamus ». Les exemples de dégâts liés aux coupeurs de route sont légions dans cette zone et perturbe la sérénité des populations.
Alors que la Côte d’Ivoire investit massivement dans la modernisation de son réseau routier, le tronçon Bouaflé–Zuenoula, pourtant central et stratégique, semble exclu de cette dynamique nationale. Pire, avec les récentes ouvertures vers Daloa, Vavoua, Beoumi et bientôt Makono via Zuenoula, le trafic sur cet axe a considérablement augmenté. Mais pour l’heure, aucune amélioration n’est visible, aucun chantier de réhabilitation ne pointe à l’horizon pour soulager le mal pernicieux qui ronge les habitants de Bouaflé.
Il est urgent d’attirer l’attention du ministère de l’Équipement et de l’Entretien routier ainsi que du Fonds d’Entretien Routier (FER Côte d’Ivoire). Les élus locaux, les conseils régionaux, les corps préfectoraux de Zuenoula et de Gohitafla sont également interpellés. La réhabilitation de ce tronçon est un cas social aux enjeux économiques et surtout humanitaire.
Dans un contexte avéré où la route conditionne l’accès aux marchés, aux soins, à l’éducation et à la sécurité, il est difficile de comprendre qu’une localité aussi dynamique que Zuenoula reste enclavée. Bitumer l’axe Bouaflé–Zuenoula n’est pas un luxe, mais une nécessité. Car « la route précède le développement ».
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