USAID : la fin d’un pilier historique de l’aide américaine au développement
Une page se tourne dans l’histoire de la diplomatie et de l’aide internationale américaine. L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a officiellement cessé ses activités ce mardi 1er juillet 2025, après plus de six décennies d’existence.
Fondée en 1961 par le président John F. Kennedy, l’USAID fut pendant des décennies un pilier de la politique étrangère américaine. Son objectif : coordonner l’aide au développement, renforcer la coopération internationale et affirmer l’influence des États-Unis, notamment dans les pays du Sud.
Présente dans plus de 100 pays, principalement en Afrique, l’USAID finançait des programmes majeurs dans les domaines de la santé publique, de l’éducation, de l’agriculture, de la gouvernance, de l’environnement et de l’aide humanitaire. Elle était un acteur central dans la lutte mondiale contre le VIH/Sida, le paludisme, la tuberculose, et œuvrait pour la vaccination, la santé maternelle, l’éducation des filles, la sécurité alimentaire et la justice sociale.
Mais depuis le 1er juillet, l’agence est désormais absorbée par le Département d’État américain, dans le cadre d’une réorganisation stratégique décidée par l’administration Trump, qui souhaite recentrer l’aide internationale vers des axes jugés plus compatibles avec ses priorités : commerce, investissement, et partenariats avec des pays « capables de s’aider eux-mêmes ».
Le secrétaire d’État Marco Rubio a justifié cette décision par une volonté de réduire la taille du gouvernement fédéralet de rendre l’aide extérieure « plus efficace et plus ciblée ». Certaines missions de l’USAID ont été transférées, d’autres tout simplement supprimées.
Cette décision a suscité de vives réactions. L’ancien président Barack Obama a dénoncé une « erreur colossale », tandis que George W. Bush, initiateur du célèbre programme PEPFAR contre le VIH/Sida, a exprimé sa profonde inquiétude face à l’arrêt potentiel de programmes vitaux. Une étude du journal médical The Lancet prévoit des conséquences humaines dramatiques, évoquant jusqu’à 14 millions de morts supplémentaires d’ici 2030 dans les pays les plus vulnérables.
Selon les données officielles, plus de 5 800 projets ont été interrompus et 4 100 subventions annulées, représentant 92 % de l’aide étrangère américaine, soit une économie budgétaire estimée à 60 milliards de dollars (environ 39 300 milliards de FCFA).
Pour de nombreuses ONG et acteurs du développement, cette fermeture ne représente pas seulement la fin d’une institution, mais le retrait brutal d’un acteur majeur du progrès mondial, laissant derrière lui un vide difficile à combler.
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