Nigeria: des hommes armés font au moins 50 morts dans une mosquée
Une prière matinale s’achève dans la terreur. Dans l’État de Katsina, des hommes armés massacrent fidèles et villageois. En dépit d’accords de paix fragiles, le nord du Nigeria sombre, jour après jour, sous les coups de « bandits » insaisissables.
Les fidèles d’Unguwar Mantau se rassemblent, ignorant que la mort approche à pas feutrés. Armés et déterminés, des assaillants surgissent, ouvrant le feu sans avertissement sur les fidèles agenouillés dans une mosquée paisible. Le sang coule sur les tapis de prière, les cris s’élèvent, mais la brutalité des balles étouffe toute supplication Le massacre ne s’arrête pas aux murs de la mosquée : plusieurs villages sont ensuite méthodiquement incendiés.
À Makera, Unguwar Yar Mai Dabo et Burdigau, des maisons brûlent encore alors que les survivants fuient dans la brousse. Au moins cinquante morts : trente dans la mosquée, vingt autres brûlés vifs dans les attaques villageoises coordonnées. Parmi les victimes, des hommes en armes : miliciens locaux, épuisés par une nuit de veille, tombés sans riposte possible. Ces volontaires protégeaient leur communauté, mais l’attaque les a surpris au moment sacré de la prière matinale.
Le député Aminu Ibrahim décrit une scène d’horreur et dénonce l’inefficacité des accords de paix récemment signés. Malumfashi, zone exclue des trêves récentes, est livrée à elle-même face à des groupes criminels toujours plus audacieux. Les assaillants, parfois appelés « bandits », profitent de ces pactes pour frapper ailleurs, en dehors des zones protégées. Sous couvert de paix, ils s’enfoncent dans les villages, établissent des refuges et organisent de nouvelles razzias sanglantes.
Ce banditisme trouve ses racines dans des conflits anciens entre éleveurs et agriculteurs pour le contrôle des ressources. La violence se transforme en une industrie : bétail volé, rançons exigées, taxes imposées aux paysans impuissants. Dans les zones rurales pauvres, l’État brille par son absence, laissant les villageois seuls face à la terreur quotidienne. Chaque trêve signée semble n’être qu’une pause tactique pour ces groupes désormais bien structurés et armés.
Dans l’État de Kaduna, une accalmie fragile a été constatée, mais Katsina et le Niger subissent l’effet inverse. Les habitants de Birnin Gwari respirent, mais leurs voisins pleurent, dans un cycle où la paix d’un jour nourrit la guerre ailleurs. Le gouvernement semble dépassé, tandis que les communautés locales enterrent leurs morts et s’attendent au prochain assaut. Dans les villages dévastés, on reconstruit à la hâte, en silence, sous le regard inquiet des survivants.
L’espoir se fait rare ; les regards sont vides, les cœurs lourds, mais les prières persistent, chaque matin, malgré tout. Le Nigeria rural vit sous l’emprise d’une terreur fluide, qui ignore frontières, promesses et accords signés. Aminu Ibrahim lance un appel à l’État : « Nos villages meurent. Nos enfants vivent dans la peur. Agissez maintenant. » Chaque jour sans réponse nourrit le chaos. Chaque attaque impunie en prépare une autre, plus violente, plus destructrice.
Source: Pouvoirs Magazine





